Intégration : un terme ambigu


© Xavier Coquelle
article paru dans SANTE INTEGRATIVE N°7 Janvier / Février 2009

Un débat d'ARTS (Association de Recherche sur les Troubles neurofonctionnels et la Spasmophilie)


Lors de notre dernière réunion de l'Association de Recherche sur les Troubles neurofonctionnels et la Spasmophilie, nous évoquions le sujet du terme « intégratif » que nous revendiquons dans notre constat et notre conviction communs que les ARTS de chacun mis ensembles donnent une meilleure réponse aux besoins complexes de nos clients et patients.

Une entreprise nommée Coach Intégration : pourquoi ?

En tant que créateur d'une société que j'ai nommée coach Intégration je me sentais bien entendu concerné à plusieurs titres. Le sens de mon choix d'appellation résulte de ma passion à exercer mon métier de coach de manière à ce que mes clients, au delà de l'atteinte d'un objectif, s'approprient plus encore le processus, le comment de leurs trajectoires pour l'appliquer ailleurs, partout où ils en auront besoin. Comme celui qui a appris à apprendre est en meilleure posture que celui qui a appris. Tel est ainsi le sens du terme intégration qui a guidé mon choix.

 

L'intégration en mathématiques

En tant qu'ingénieur de formation, l'intégration est d'abord pour moi cette opération mathématique par laquelle nous passons d'une dimension donnée à une dimension supérieure. Intégrer une courbe donne une surface, intégrer une surface donne un volume, etc. Car en mathématiques, l'espace ne se contente pas d'avoir 1, 2, 3 ou 4 dimensions. L'intégration, c'est passer d'une dimension N à une dimension N+1.
La dimension N de départ correspondrait-elle au « N » de neurofonctionnel ? Probablement.

Santé intégrative : un espace d'une dimension de plus ?

La dimension N pourrait fort bien représenter une démarche curative sur des crises ponctuelles. Au delà, la dimension N+1 pourrait être la démarche de santé intégrative que nous soutenons. Par cette démarche, nous cherchons à favoriser une meilleure prise en compte autonome de la personne par elle-même : par sa meilleure connaissance des facteurs personnels, de son mode de fonctionnement propre et par sa capitalisation des « choses qui marchent » pour elle. L'espace à considérer, c'est celui du client – patient. Un espace qu'il est le seul à arpenter, et bien sûr de dimension N, pourquoi pas demain : N+1.
Chaque discipline représentée dans cet ARTS contribue à lui fournir des outils. Et de fait et toujours dans ce champ neurofonctionnel, nos solutions extérieures sont rarement, seules, des réponses suffisantes. Dans ce champ, chacun est unique, chacun est un cas à part et nos déterminismes métiers, nos arbres d'anamnèses sont, sinon pris en défaut, largement relativisés.
Les solutions émergent lorsque notre client – patient semble s'intégrer lui même, grandir, aller mieux et se nourrir par son propre choix d'un menu qui satisfasse son état, ses envies et préférences, ses besoins actuels.

ARTS ... cullinaire

Entrée, plat, fromage, dessert, voilà les ingrédients que nous, praticiens divers, devenons. Et comme nous croyons au vin, nous y consentons pour la meilleure ivresse du client.
Après le client, à notre tour nous choisissons d'être intégrés dans son menu. Nous devenons ces praticiens intégratifs qui acceptent d'être mangés dans l'oeuvre culinaire plus vaste d'une santé plus globale, mutli-disciplinaire ... au moins. Bien sûr, nous ne prétendons pas nous même avoir intégré l'ensemble de disciplines, loin s'en faut. Le médecin reste médecin, le psychothérapeute reste centré sur son métier, le coach jamais ne pourra prétendre devenir un surhomme. Ce que nous avons intégré nous même c'est l'ouverture, l'écoute, une meilleure aptitude à identifier d'autres chemins que les nôtres pour le bien de la personne qui nous demande soutien.
Lors de cette réunion ARTS, nous évoquions ainsi différentes acceptions du terme intégration. De l'intégration intégriste, à des intégrations de cohabitation où chacun se supporte tant bien que mal, et à l'intégration dont nous pourrions rêver où chacun est à sa juste et respectée place dans une communauté réellement au service du bien commun, dans notre cas : la santé intégrative.

Styles de management et niveaux d'intégration

Ces différents niveaux d'intégration m'ont mené à penser au modèle sur les styles de management que les coachs utilisent dans l'accompagnement des managers et comités de direction. Ce modèle est issu de travaux menés à différentes époques par Blake & Morton, RC Blanchard, Alain Cardon et probablement d'autres.
En premier lieu, il fournit une typologie de styles de management assez parlante que les coachs utilisent pour apporter un peu de clarification dans l'arène du management.
En second lieu, le modèle permet de donner les bonnes clefs d'application qui ne se résument pas à utiliser le mode qui nous plaît le mieux mais plutôt qui nous pousse à considérer que le style pertinent s'applique en fonction de la situation réelle.
C'est un peu comme la vision que nous pourrions avoir d'une société idéale où tout le monde s'aimerait, où l'égalité et le respect mutuel seraient des règles universelles et unanimement appliquées. Pour ma part, j'aime bien l'idée. Je vous laisse imaginer ce qu'il adviendrait de moi dans le monde réel si je ne savais raisonner que par ces biais idéaux. Ce serait peut être trop souvent ... inadapté. Moindre mot !
Cette typologie du management présente quatre styles : directif, informatif, participatif, coopératif.
Le style directif
C'est un peu l'intégration intégriste.
De polarité institutionnelle, de relationnel faible, très normatif, il donne un cadre clair, un ordre propre qui est celui du chef.
Une injonction : obéis !
Le style informatif
C'est celui d'une intégration communicante.
De polarité technocratique, de relationnel intense, très analytique, il donne de l'argumentation nourrie, une connaissance accessible.
Une injonction : explique !
Le style participatif
C'est celui d'une intégration de baronnies et de l'action.
De polarité relationnelle, donc de relationnel intense, très séducteur, il donne un esprit associatif, de partage et de coalition.
Une injonction : négocie !
Le style coopératif
C"est celui de l'intégration des engagements individuels et de la créativité
De polarité circulatoire, de relationnel faible, très entropique (ça fuse de partout), il donne à un groupe le meilleur de l'engagement personnel de ses membres et une grande capacité d'adaptation.
Une injonction : abrège !

Peut être un jour nous vous en dirons plus sur les styles de management de nos associations.
Sommes nous un collectif guidé par notre bien aimé chef, le Docteur Tournesac ?
Sommes nous des praticiens échangeant des tonnes d'informations forts utiles ?
Sommes nous des porteurs volontaires de nos nobles disciplines dans un esprit de partage ?
Sommes nous des hommes co-responsables dans un magma créatif au profit de la santé intégrative ?

Allez savoir ?

      Et que doit être la santé intégrative ?

  • Une nouvelle orientation incontournable ?
  • Une base de connaissance ?
  • Une démarche inter-disciplinaire ?
  • Un axe de recherche ?

Nous ne sommes pas bien sûr d'avoir cette chance toute relative de le savoir.
Toute relative car ce modèle sur les styles de management nous invite plutôt à travailler encore et encore, au gré de chaque situation, pour mieux définir le cadre, concevoir nos interfaces, conduire des actions, nous adapter et évoluer.

Le terme d'intégration peut être ambigu, il expose surtout différentes facettes dont chacune a son utilité pragmatique. Peut être est-ce l'esprit à partir duquel nous l'utilisons qui fait la réelle différence.

Ouverture, évolution et efficience seront mes qualificatifs candidats.

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