La psychologie de crise
Nous sommes donc en pleine crise économique, le climat social montre une inquiétante dégradation. Vous et moi paraissons bien impuissants devant cette situation globale. Ce n'est pas de notre faute, nous subissons. Et pourtant ... une responsabilité ne nous incombe-t-elle pas ?
Victimes
Nous faisions notre bonhomme de chemin dans nos espaces personnels, sociaux et professionnels, nous gérions tant bien que mal nos problèmes petits et grands, et cette crise nous tombe dessus d'un façon imprévisible.
D'abord nous nous disons que cela tombe plutôt mal. Peut être parce que nous avions bien d'autres problèmes à gérer, peut-être parce que justement nous bénéficions enfin d'une éclarcie. Mais, vraiment, cela tombe mal. Cette crise est très inadéquate.
Et puis franchement, nous ne la méritions pas. Pourquoi nous ? La crise est injuste.
En y réfléchissant, nous pouvons nous dire que cela fait partie de la vie, et que, aussi positif puissions nous être, des aléats apparaissent inévitablement. Une crise, c'est peut être simplement inéluctable.
De ces quatre caractéristiques, d'imprévisibilité, d'inadéquation, d'injustice et d'inéluctabilité, une conclusion semble s'imposer : nous sommes objectivement des victimes impuissantes.
Se protéger et attendre
La moindre des choses lorsque nous sommes agressés est de nous protéger. Qui plus est, cette crise nous apporte un lot d'incertitudes : cela pourrait durer, cela pourrait empirer. Non seulement nous devons nous protéger aujourd'hui mais aussi, assurer nos arrières. Nous devons tout mettre en oeuvre pour assurer au mieux nos besoins fondamentaux (physiologiques, sécurité) et attendre des jours meilleurs.
Nos économies vont rester sagement dans nos bas de laine. Nos projets vont rester au stade de perspectives lointaines. Nos axes de développement vont se cantonner dans une parenthèse. Nos rêves vont rester gentillement blotis dans les bras de Morphée. Restons raisonnables, il faudrait être fou pour faire autrement !
Tout cela, fort bien raisonné, aboutit à une posture pour le moins peu constructive.
C'est de cette psycho-logie que la crise se nourrit
Pour ne plus être victimes, pensons d'abord autrement.
D'un côté, nous avons cette attitude raisonnée par laquelle nous apportons notre contribution personnelle à cette crise. Chaque sou non donné est un don non reçu. Chaque renoncement de notre part fait gagner du terrain à la crise. Chaque rêve abandonné donne sa place au cauchemard.
Les conséquences de ce côté sont d'alimenter la crise aujourd'hui pour demain la porter à un paroxisme où tout notre édifice s'écroule avec le trop faible espoir que nous aurions eu. Fin du coup. Perdu !
D'un autre côté, nous pourrions, tout déraisonnables que nous pouvons être, imaginer un autre scénario où nous procéderions à l'inverse. Nous donnerions ce sou qui serait reçu. Nous avancerions en laissant à la crise une place très réduite. Nous nous engagerions dans nos projets comme nos plus belles priorités. Nous profiterions de l'impulsion du changement forcée par la crise pour générer la vague plus volontaire encore de notre développement de fond. Nous puiserions dans nos rêves les idées pour les projets de demain. Qu'en seraient les conséquences ?
Songez-y ! Il n'y aurait tout simplement plus assez d'espace à la crise pour qu'elle se développe. L'érosion ne serait pas notre érosion mais bien celle de la crise.
Un choix entre raison et utopie ? Charybde et Scylla ?
Non. La question posée ainsi n'est que l'application d'une psychologie de crise dominée par le statut de victime et une vision de catastrophe promise.
Nous ne savons réaliser que ce que nous pensons ou croyons. Croire en la crise, c'est la réaliser. Croire en autre chose, mobiliser notre pensée et notre créativité ailleurs, c'est réaliser : une alternative.
Décodons notre psychologie de crise
Victime des 4 "I"
Ces quatre térribles choses que sont l'imprévisibilité, l'inadéquation, l'injustice et l'inéluctabilité, sont de faits "objectivement" incontournables. Ils ne le sont pas seulement dans une crise telle que nous la vivons aujourd'hui mais tout le temps.
En quoi serait-ce le contour fermé de notre vision du monde réel ?
En quoi seraient-ils des arguments plausibles pour nous contenter d'une place de victime impuissante ?
Malgré cela, nos vies continuent et nous trouvons nos espaces de liberté, nous évoluons, nous créons.
- Face à l'imprévisible nous pouvons
- gérer les conséquences, réagir, rebondir
- face à l'inadéquation nous pouvons
- modifier, améliorer
- face à l'injustice, nous pouvons
- lutter, défendre et promouvoir de meilleurs équilibres
- face à l'inéluctabilité, nous pouvons
- accepter l'expérience, en tirer des leçons et tourner la page vers de nouveaux chapitres de nos vies.
Notre peur de l'inconnu
Quant à l'incertitude, n'est elle pas sous chacun de nos pas ?
Nous pouvons philosophiquement être en quête d'absolu et de perfection. Nous pouvons "scientifiquement" défendre l'hypothèse d'un grand déterminisme qui régirait tout. La réalité de nos vies présentes est celle d'une instabilité permanente, d'un changement permanent, d'une progression, peut être vers quelque Graal, mais DANS l'inconnu et le transitoire.
Aujourd'hui, concrétement pour nous tous, l'absolu, la perfection, le déterminisme sont au mieux des abstractions mentales. La seule chose certaine d'un point de vue pragmatique est l'incertitude de nos vies. Nous pouvons le déplorer, et nous en avons certainement tous peur à divers degrés, mais l'inconnu est notre seul chemin.
Nous voudrions le nier, le fuir ... ce ne serait que des artifices. Alors, il ne nous reste plus qu'une chose : marcher dedans. Le choix que nous avons réside peut être entre marcher les yeux ouverts sur le réel ou bien stagner les yeux fermés dans le retrait de nos abstractions.
Notre vie est une crise perpétuelle. Et nous pouvons le voir aussi comme notre vie est une évolution permanente. Et là, nous avons réellement un choix.
Albert Einstein, tout maître des abstractions fut-il, disait de nombreuses choses en ces sens, l'une d'elle est "There are two ways to live your life, one is as though nothing is a miracle, the other is as so everything is a miracle". Que dire de mieux ?
Notre attentisme
Face à la crise nous pouvons attendre des jours meilleurs. Une alternative ne pourrait elle pas être de les créer ?
que choisissons nous ? La psychologie de la crise et du cauchemard ou celle de l'évolution et de la marche vers le rêve ?
Ce choix effectué, le premier pas est bien ici et maintenant dans nos actes au quotidien.
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